Bilan d'une vie torturée

Publié le par tales-of-my-world

    Une paire de dés sur mon bureau, des décorations sur l’étagère, des photos dans le tiroir de ma table de chevet. Tous ces objets anodins que je ne remarque même plus, me rappelle parfois l’époque où j’avais une vie. Bien sûr, cette vie était loin d’être rose.

    J’ai saigné, j’ai pleuré, j’ai rampé, j’ai été humilié, j’ai été sali, j’ai été insulté et  j’ai reçu assez de coups pour ne plus les sentir. Avec le recul, je peux maintenant dire que cette vie était un vrai cauchemar. Mais je ne voyais pas les choses de cette façon. J’avais des amis, ou du moins des relations, j’avais une famille, il m’arrivait de rire, il m’arrivait d’être heureux, il m’arrivait d’être tranquille. J’avais une vie, et aussi détestable fut-elle, d’une certaine manière, je l’aimais.

    Mais tout ça, tout ça c’était avant. Aujourd’hui les dés ont perdus leurs joueurs, aujourd’hui les décorations sur l’étagère sont tellement pleines de poussières que leur seule couleur est le gris, aujourd’hui les photos et leurs cadres reposent lamentablement sous une bouteille de whisky à moitié vide et un vieux cutter rouillé tâché de sang séché. Aujourd’hui, je n’ai plus de vie. La nourriture n’a plus de saveur, les odeurs ne se différencient plus, les couleurs ne sont plus que souvenirs et la musique n’est plus que du bruit. J’avais une vie, mais ça c’était avant que tu n’arrives me la voler.

    Tu n’y es pour rien bien entendu, personne ne pourrais rien te reprocher, surtout pas moi. Seulement quand je t’ai vu, tout de suite, tu es devenue ma vie. À ce moment j’aurais tout donné, et aujourd’hui encore je donnerais tout s’il me restait quelque chose, pour un regard. Et toi tu m’as offert mieux, tu m’as offert ton amitié. Ces derniers instants de ma vie furent les plus formidables, les plus marquants, les plus beaux, mais comme à mon habitude, j’ai été idiot de croire que tu m’avais aussi offert ton amour. Puis tu es partie, sans jamais vraiment être partie. Tu es devenu la flèche dans la cuisse, celle qui fait mal, qui fait souffrir le martyr, qui brûle les chairs, mais dont on ne peut se passer, dont on ne peut se séparer sous peine de se vider de son sang et de glisser peu à peu dans le froid obscur de la mort. Sans toi je ne pourrais pas vivre, mais sans t’avoir vraiment je n’arrive pas à vivre complètement. Tu es mon étoile mais tu es aussi ma croix.

   Ces mots couchés ici, je ne sais pas quoi en faire, je ne sais pas comment y mettre fin. Peut-être est-ce un moyen de te dire ce que tu es pour moi, d’enfin oser franchir le pas, mais je sais très bien que jamais tu ne liras ces lignes, je suis trop lâche pour te les faire lire, et quand bien même, te reconnaitrais-tu? Alors quel est le but de tout ceci? Peut-être une lettre de démission du monde, un adieu à tout ce que j’ai connu, un renoncement à tout ce que je ne connaitrais jamais. Une lettre d’amour, une lettre de suicide, ou simplement quelques paragraphes, déposés au hasard sur une feuille par la main d’un auteur perdu et dérangé, moi-même je ne saurais le dire. Je ne veux plus rien, ou je ne sais plus ce que je veux, je te veux sans te vouloir, je veux mourir sans le vouloir. S’il te plaît sois heureuse, tues moi.

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